Je l'ai lu...Chronique #15


Chronique # 15 : Maléfica,Tome 1 d' Hervé Gagnon

 


Résumé : Un thriller historique au coeur de la France du XVIIe siècle, où règnent les procès en sorcellerie et les révoltes populaires.
En l’an 1639, la France est aux prises avec les révoltes populaires, la famine et un clergé qui voit le Mal partout. On brûle comme sorcières toutes les femmes qui ont le malheur de ne pas correspondre au dogme catholique. Dans le petit village d’Abelès, Anneline Dujardin, sa mère Catherine et sa fille Jeanne, guérisseuses comme toutes leurs aïeules, coulent des jours paisibles jusqu’à ce que le nouveau curé lance l’Inquisition à leurs trousses.
Dans un hameau voisin, l’armurier François Morin voit sa femme et sa fillette sauvagement assassinées par un gabeleur et ses hommes. Il exerce une vengeance terrible et se retrouve hors-la-loi. Unis dans le malheur, dépositaires d’un mystérieux grimoire qui remet en question la légitimité de Louis XIII, Anneline et François tenteront d’échapper à l’inquisiteur, au prévôt de justice, aux mousquetaires du roi et au Cardinal de Richelieu. S’enclenche alors une frénétique chasse au trésor, dont l’issue déterminera le sort des deux trônes : celui du royaume de France et celui de Saint Pierre.







J'ai choisi de lire ce roman dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge (catégorie Balai pattes!) Je cherchais un roman avec un côté historique et qui parle de sorcellerie. J'ai tapé dans le mile avec ce titre. Quand je me le suis procuré, je ne savais pas que c'était une trilogie (je suis tombée dessus chez Easy cash) mais le résumé collait assez bien avec mon thème.





J'ai commencé cette histoire avec hâte car tout ce qui traite de la sorcellerie, de l'inquisition m'intéresse beaucoup. J'ai été plongée un peu à la fois dans ce domaine. J'ai mis un peu de temps à rentrer dans le roman. En effet, au début de l'histoire, on nous présente Anneline comme « guérisseuse », elle, sa mère et même sa fille qui vient de naître. Plantes, sorts, pansements miracles: tel est le quotidien de ces femmes qui aident les villageois sans rien leur demander en échange. On ne dit pas le mot « sorcière » tout de suite. En parallèle à ça, nous allons suivre l'histoire de François, ancien soldat reconvertit en armurier. Il vit tranquillement avec sa femme Ermangrande (j'ai eu un peu de mal avec ce prénom) et sa fille Geneviève. Déjà, cet homme n'a pas vécu que de belles choses, mais le sort que lui réserve l'auteur dès les premiers chapitres est tout bonnement cruel. Il se voit privé de sa femme et de sa fille pour un simple « refus » de payer une taxe qui ne cessait d'augmenter, s'étant même vu attribuer l'obligation de payer pour tous les habitants du village.





Hervé Gagnon, l'auteur




Les premières scènes choquantes où il va être battu et fouetté, laissé quasiment pour mort, nous glace le sang. Mais ce qui suit est encore pire. Quand on apprend ce qu'il est arrivé à sa femme et à sa toute petite fille (auxquelles ont avait tout juste commencé à « s'attacher »), un profond dégoût et une colère s'empare de nous. Aucun détail n'est oublié, quitte à être vraiment cru. On ne peut que se prendre d'affection pour François qui survit tant bien que mal à ses blessures qui ne se refermeront dans doute jamais.





Le roi Louis XIII, qui gouvernait à l'époque de notre histoire




Quand on retourne chez Anneline et sa famille, tout se passe plutôt bien : tout le village y compris l'actuel curé ont confiance en elles et leurs affaires se portent plutôt bien. Il y a même quelques passages qui font sourire, et cela est du en partie au caractère fort de cette « tribu » de femmes, plus particulièrement Anneline qui sait tenir tête à tout le monde. On sent chez cette femme une sorte de force de caractère et une intelligence assez déconcertantes pour l'époque. C'est sur elle que repose la famille, clairement. Pour nos héroïnes, tout va basculer avec l'arrivée d'un nouveau curé, suite à la mort du précédent. Il n'a pas du tout le même point de vue concernant les activités auxquelles se livrent sans retenue les femmes Dujardin. Sans la moindre méfiance elles vont continuer d'être elles-mêmes, d'aider, de préparer des potions et de soigner, mais tout le village va se retourner contre elles et leur situation ne va aller que de mal en pis durant tout le reste du livre. Les "deux histoires" vont très vite se rejoindre pour n'en former qu'une, et c'est là que ça devient encore plus intéressant.





Le cardinal de Richelieu, figure emblématique dans notre histoire




Je tiens à revenir cependant sur quelques points qui ont un peu dérangé ma lecture. Tout d'abord, concernant les nombreuses scènes violentes ou de torture. Certes, je suis consciente que durant l'inquisition, cela se passait très certainement comme ça et qu'il n'était fait aucun cas des pauvres villageois qui ne se pliaient pas aux règles (soit par choix mais la plupart du temps juste parce qu'ils étaient pauvres et ne pouvaient s'acquitter des impôts faramineux qui leur étaient demandés, vu que le nerf de la guerre, c'est bien l'argent...), mais, je ne m'attendais pas à trouver autant de détails des actes de violence faits dans ce livre. L'église y est également montrée sous son plus mauvais jour, et l'auteur nous livre un portrait très manichéen des personnages de l'époque. On sait bien qu'il en a toujours été ainsi et que la chasse aux sorcières et aux hérétiques faisait partie de leur quotidien, mais mieux vaut en être conscient dès le départ : rien n'est vraiment enjolivé dans l'histoire.





La deuxième chose qui m'a un peu gênée, ce sont les descriptions des « actes sexuels » ou de l'acte sexuel en lui même. Pareil, là encore, je sais que nous sommes courant 17ème siècle et que le choix d'écrire les choses de manière très crue est volontaire de la part de l'auteur, afin de nous faire ressentir le « climat » de l'époque, mais tout de même, en tant que femme, je ne peux pas ne rien dire de ce que j'ai lu. Autant les mots choisis n'avaient rien de vraiment choquant, les choses sont appelées par leur noms et pas par des espèces d'allusions semi-voilées, c'est plutôt la façon dont se déroulent les choses qui est un peu déroutant.





On tombe beaucoup dans des clichés : les hommes ne pensent qu'à ça, ne pense qu'à « fourrer leur membre » dans une « bonne femme » pour se soulager parce que ce sont des hommes (en tous cas je l'ai ressenti comme ça), les femmes ne sont bonnes « qu'à écarter les cuisses », et on est clairement dans un rapport de soumission de la femme durant les ébats. Une fois, deux fois, ça passe. Mais pas à chaque fois. Les scènes de viols décrites sont assez difficiles à lire, pour ne pas dire extrêmement difficiles, et je me suis demandée si c'étaient les personnages qui étaient « dérangés » ou bien l'auteur (pardon). Tout cela a renforcé un peu plus mon malaise durant la lecture de ces scènes. Heureusement, dans la deuxième partie du livre, on est un peu plus concentré sur la traque de nos héros que sur ce qui se passe pendant leurs ébats. J'ai vraiment préféré cette partie (pour moi après les pages 200/250) et je n'ai pas pu lâcher le livre.





Dernière petite chose qui m'a un peu agacée : la répétition d'un terme, pour décrire les yeux d'Anneline, qui ne sont « ni jaunes, ni verts ». Je pense qu'on a compris. Sans mentir, j'ai du le lire plus de 5 fois durant tout le livre, à quelques chapitres d'intervalle. Je pense que l'auteur aurait pu trouver une autre description pour nous dire que son regard était captivant car d'une couleur indéfinissable, ou bien encore qu'il faisaient penser aux yeux de tel ou tel autre animal. Bref, ce n'est qu'un petit détail, mais il est venu polluer ma lecture (comme quand j'ai lu 1 million de fois : elle se mordait la lèvre dans 50 nuances de Grey...) et j'ai levé les yeux au ciel un bon nombre de fois.





Mis à part ces petites choses, j'ai vraiment apprécié ma lecture. Au début j'étais un peu sceptique car je trouvais que l'histoire avait du mal a démarrer, et le côté « historique » me faisait peur, mais en fait c'est passé tout seul. J'ai découvert un cardinal de Richelieu plus effrayant encore que ce que j'ai pu apprendre à l'école...J'ai appris quelques petites choses sur les croyances à l'époque, et réviser un peu l'histoire de France ne fait pas de mal (je me suis documentée un peu pour voir le contexte historique de l'histoire...je n'étais pas très attentive en cours d'histoire...). L'homme d’Église ne devait vraiment pas être commode, et toutes les personnes qui l’entouraient ont contribué à faire ressentir cette ambiance austère tout au long du livre...


Il faut avoir le cœur solide (et les tripes aussi) pour mener jusqu'au bout cette lecture, car l'auteur, en choisissant des termes crus et d'autres empruntés au Latin, nous plonge dans une ambiance glauque, malsaine et dérangeante. Cependant, à aucun moment je n'ai souhaité interrompre ma lecture, malgré la difficulté de certaines scènes. Pour ma part, je ne considère pas vraiment ma lecture comme un thriller, mais vraiment comme un roman historique sous fond de croyances et de violence. L'intrigue de fin est très bien amenée, les différents retournements de situation aussi.


L'auteur nous laisse sur une fin intrigante qui donne envie de le lire le tome suivant : un côté plus « spirituel et mystérieux » qui m'a énormément plu, et que j'espère retrouver dans le prochain tome (d'ailleurs je trouve la couverture poche vachement plus jolie que pour le tome 1).









En bref, j'ai bien apprécié ma lecture. Je lui attribue *** (en espérant lire moins de clichés dans le prochain tome).

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