Rouille de Floriane Soulas
Science-Fiction/SteamPunk
Synopsis : Paris,
1897. Les plus grandes puissances européennes se sont lancées à
l’assaut de la Lune et de nouveaux matériaux découverts sur le
satellite envahissent peu à peu la Terre. Ces grandes avancées
scientifiques révolutionnent l’industrie et la médecine, mais pas
pour tout le monde. Et dans les faubourgs, loin de l’hyper-centre
protégé par le dôme sous lequel vivent les puissants, le petit
peuple de Paris survit tant bien que mal. Violante est une prostituée
sans mémoire, ignorant jusqu’à son âge réel. Dans un monde où
son désir de vérité passe après celui de ses clients et de ses
patrons, la jeune fille tente de retrouver la trace de ses origines
perdues. Alors qu’une vague de meurtres particulièrement horribles
ensanglante la capitale, Satine, son amie et seul soutien, disparait
dans d’étranges circonstances. Violante, elle, se voit offrir une
porte de sortie à ce demi-monde violent qui la retient prisonnière,
mais décide malgré tout de prendre part aux investigations.
Après avoir découvert
ce nouveau genre littéraire (nouveau pour moi j'entends), je me suis
laissée tenter par ce premier one-shot de Floriane Soulas, après
l'avoir vu passer en story Instagram sur le compte de @lemon_june_ ,
et également un peu partout. L'univers totalement inconnu m'a
poussée à acheter ce roman quasiment dès sa sortie. J'ai choisi de
l'inclure dans ma courte PAL de Juillet, car il me faisait de l'oeil
depuis sa réception, et j'avais le sentiment que j'allais adorer
cette lecture, et je n'ai pas été déçue.
L'histoire commence avec
Violante, surnommée Duchesse ; amnésique sans âge travaillant
dans un bordel et jalousée par toutes les autres filles. D'entrée
de jeu, on la découvre après une passe avec un client et on est
directement plongé dans l'univers sordide de la jeune femme.
Agissant plus comme un « robot » et par habitude, elle
s'est même créée le personnage de Duchesse pour essayer de se
déconnecter de la réalité, de dissocier la jeune femme qu'elle
doit être et celle qu'elle recherche désespérément à être. Les
descriptions sont riches et nombreuses, et on a aucun mal à
s'imaginer parmi les personnages, pouvant presque sentir l'atmosphère
glauque et sale des bas-fonds de Paris.
Tout au début, j'avais
le sentiment que l'intrigue allait principalement se concentrer sur
Violante et sa recherche de bribes du passé. Mais très rapidement,
la Rouille fait son entrée et vient bousculer toute notre enquête :
je me suis sentie aussi frustrée que notre héroïne qui du coup se
lance à corps perdu dans la recherche du meurtrier de son amie
Satine. Notre histoire va prendre une tournure différente de la
petite enquête tranquille qu'on s'imaginait mener avec ce petit brin
de femme.
Les personnages côtoyant
le bordel, Léon le proxénète, suivi par ses bras droits, la mère
maquerelle ainsi que les autres filles y travaillant, ont été très
bien construits selon moi. Des personnages peu recommandables,
certes, mais tellement criants de vérité. Mention particulière à
Léon le proxénète, qui s'avère posséder un cœur et ressentir
des émotions après tout...
Les personnages les plus
complexes selon moi sont le Compte De Vaulnay et un autre personnage
que je ne prendrais pas le soin de détailler ici sous peine de le
spoiler. Des personnages très durs et torturés, que vous prendrez
autant plaisir à découvrir qu'à haïr (ou aimer d'ailleurs).
Ce qui m'a le plus
bluffée, c'est tout l'univers qui découle du genre Steampunk. Je
découvre la capitale sous un autre jour, avec des repères familiers
(la Tour Eiffel ou encore le nom des places célèbres, de rues...)
et d'autres totalement imaginaires (la Lune a été colonisée, des
animaux mécaniques existent, une substance est utilisée pour
fabriquer des prothèses pour les humains et plein d'autres
choses...).
La ville, décrite ici à
la fin du XIXème siècle, affublée d'un dôme en son centre, est
entourée par les quartiers pauvres et la Ferraille (les enfants
m'ont d'ailleurs fait penser aux enfants perdus de Peter Pan).
L'ambiance générale du roman est assez sombre (tueur rodant et
massacrant femmes et enfants), mais je me suis sentie happée,
presque envoutée par cette cité loin de mon époque, mais avec des
signes évidents de modernité. J'étais vraiment dans l'histoire,
marchant aux côtés des personnages principaux. Si bien que j'ai lu
le livre en deux sessions, ne pouvant me détacher de l'histoire.
Concernant le déroulement
de l'intrigue, après avoir été un peu déstabilisée au départ,
j'ai tellement aimé découvrir des indices au fil des aventures
vécues par les personnages ! Les scènes sont décrites avec
tellement de détails, et bien que sur un principe un peu complexe
(la fabrication de la drogue etc...) on comprend très bien ce que
nous explique l'auteure. L'univers glauque et moderne à la fois, les
descriptions d'objets plus merveilleux les uns que les autres :
tout dans ce roman m'a donné envie d'y vivre : je découvre
également que c'est une époque que j'apprécie (car normalement mon
dada ce sont les années folles).
Ce roman nous fait bien
fonctionner les méninges. Il y est question de recherche de soi, de
quête d'identité, mais la vraie question posée est : ais-je
besoin de savoir d'où je viens pour savoir où je vais ? En
gros, est-ce que le fait de ne pas savoir qui elle est vraiment va
perturber notre héroïne pour son futur, ou est-ce qu'au contraire,
elle va se servir de son amnésie pour prendre une sorte de nouveau
départ ? Il est également mis en évidence que lorsqu'une
« crise » éclate, ou qu'un événement grave se produit,
bien souvent ce sont les enfants et les femmes qui sont les premiers
à en faire les frais (et je vous donne dans le mille : oui, des
gens de la classe populaire, voire pauvres).
Il y a eu quelques petits
moments que j'ai cependant moins appréciés. Le passage ou Violante
prend une dose de drogue et a des « flashs » de son
passé. Certes, la drogue utilisée est censée provoquer cet effet,
mais j'ai trouvé que ça arrivait un peu trop tôt dans le livre et
surtout : un peu trop riche en souvenirs (trop d'infos d'un coup
pour moi). J'aurai aimé voir notre héroïne « galérer »
un peu plus pour aller sur les traces de son passé...Cependant les
infos récoltées font leur bout de chemin dans notre tête, car on
entame une vraie réflexion sur ce qui a pu arriver à notre
héroïne : je pense donc que c'était en fait très pertinent,
elles sont comme des miettes de pain laissées au lecteur pour qu'il
trouve le chemin tout seul.
Quelques révélations
avaient d'ailleurs germé en tant que probabilités dans ma tête.
Heureusement, le final, on ne le voit pas venir totalement (même si
on est tout de même bien mis sur la piste). J'ai trouvé la toute
fin du roman un peu rapide et j'ai ressenti une légère frustration,
mais je comprends le choix de l'auteure !
Floriane Soulas m'a fait
découvrir le monde merveilleux du SteamPunk, et je renouvellerai
l'expérience de lire ce genre avec plaisir (je vais d'ailleurs de ce
pas réfléchir à la question).