Je l'ai lu: Chronique #7

Les lumières d'Assam de Janet Macleod Trotter



Résumé : A la mort de son père, Clarrie n'a d'autre choix que d'abandonner l'Inde et la plantation de thé familiale. Hors de question d'accepter l'aide du séduisant Wesley Robson, héritier de la famille rivale ! Clarrie emmène sa jeune soeur Olivia en Angleterre, où elles sont recueillies par des cousins qui font d'elles de vraies esclaves domestiques. Mais Clarrie n'a rien oublié du passé, bien décidée à retrouver liberté et dignité. Elle ignore que Wesley s'est lui aussi installé tout près...



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Faisant partie des livres récupérés de ma grand-mère, ce livre m'intriguait énormément de part son titre et sa couverture (Edition France Loisir). Dans le résumé on apprend qu'on va être immergés dans le monde du thé, de la plantation à la récolte, en passant par la dégustation et la vente. J'ai commencé ce roman bien tranquillement, en « goûtant » chaque petite description de ce petit coin d'Inde pour commencer, et de Belgoree (la plantation des Belhaven) en particulier. Je pouvais presque voir le lever du soleil et sentir les parfums des feuilles de thé venir jusqu'à moi. La famille est bien établie et les filles s'éduquent quasiment toutes seules et l'unique ombre au tableau est la descente aux enfers qu'entame Jock, le père de famille récemment veuf qui plonge la tête la première dans l'alcool et refuse de sortir de chez lui.





J'ai tout de suite était absorbée par ma lecture, tant ce que je lisais et découvrais de la plantation de thé me plaisait. La famille propriétaire, les Belhaven, ont l'air de mener une existence assez paisible aussi bien financièrement qu'au niveau familial. Jock, le veuf ésseulé et un peu difficile à cerner au départ. Il est natif de Newcastle en Angleterre et avait tout quitter pour reprendre une plantation de thé suite à un coup de foudre qu'il a eu pour l'Assam avec sa compagne. Clarissa et Olivia, les deux filles de Jock, sont des soeurs inséparables et la plus âgée des deux filles a un sacré tempérament. Elle revendique d'être une Belhaven, porte fièrement son nom et assume pleinement son caractère, hérité de son père. Elle ressemble physiquement à sa mère, avec ses racines Indiennes et ses cheveux de jais. Olivia est beaucoup plus discrète et semble avoir un caractère assez changeant, tant les éléments qui gravitent autour d'elle jouent un rôle important sur son humeur du jour; elle ressemble physiquement à son père, avec ses cheveux blond vénitien. On apprend également une certaine tension familiale avec les Robson, le père de Clarrie lui ayant toujours dit qu'ils souhaitaient les voir faire faillite. Le fils Robson, Wesley, va rapidement prendre connaissance du tempérament de feu de Clarrissa, se frotter à la haine de Jock, mais rien ne semble l'empêcher à développer son entreprise de thé, même si pour cela il va devoir mettre en place certaines stratégies.







J'ai accroché directement avec Clarissa, surnommée Clarrie tout au long du roman. Elle est hyper protectrice envers son père, et également envers sa petite sœur. N'ayant plus sa mère, on comprend que son rôle au sein de sa famille consiste un peu à redresser la barre car son père, veuf éploré et triste à mourir, noie son chagrin dans l'alcool. Pendant quelques chapitres, j'ai eu l'impression que Clarrie ne voulait pas voir la vérité en face, jusqu'à un moment où elle en fût obligée. Très rapidement, le drame familial continue avec la mort de Jock, et les deux filles sont obligées de tout quitter pour aller s'installer chez un cousin qui a accepté de les recueillir. Quelle surprise elles vont avoir en arrivant en Angleterre ! Mais pas la bonne surprise qu'elles s'imaginent.



Plantation de thé en Inde




Confiées à la charge de Jared et de son horrible épouse, Olivia et Clarrie se retrouvent immédiatement obligées de travailler dur pour payer leur gîte et leur couvert. Pour Clarrie, qui à toujours côtoyé les « coolies » (terme utilisé au 19ème siècle pour décrire les travailleurs agricoles d'origine asiatique), ce n'est pas un problème. Elle n'a pas peur de se salir les mains et de travailler autant qu'elle le doit. Pour sa sœur, à la santé fragile et sujette à l'asthme, c'est plus compliqué. Clarrie va tout faire pour épargner à sa sœur les tâches les plus ingrates et difficiles que le perfide femme de leur oncle leur ordonne de faire. On s'attache inévitablement énormément aux deux sœurs, ainsi qu'à plusieurs personnages qui vont faire leur apparition. J'ai plusieurs fois eu envie de gifler, même de tuer la patronne de ce bar miteux, de lui faire ravaler ses tourtes et de planquer sa gnôle autre part que dans le bocal à vinaigre...Cette femme est détestable, une vraie mégère ! Bref, on adore la détester tout au long de l'histoire.



Couverture en V.O


Après avoir survécu à la vie du pub répugnant de Newcastle, les deux jeunes filles vont se retrouver à travailler pour des riches dans un quartier beaucoup plus réputé. Clarrie réussit à se faire engager comme gouvernante pour Herbert Stock, qui vient juste de vivre la perte d'un nouveau-né avec sa femme, très affaiblie par son accouchement et qui dépérit suite à la mort précoce du bébé. Elle va devoir gérer la grande demeure, tandis que sa sœur Olivia aidera en cuisine et à d'autres ouvrages. Elle sera également amenée à s'occuper de Will, le cadet des Stock, un jeune garçon malicieux et adorable, qui ne juge pas les gens selon leur apparence ou leur position dans la société, et qui a du mal à accepter les mœurs de son rang. La condition des deux soeurs évolue grandement en arrivant dans la demeure des Stock, mais encore une fois, un horrible personnage est là pour leur rappeler qu'elles ne sont « rien », et il est accompagné par une future/femme vaniteuse et à la langue bien pendue : l'aîné des enfants Stock, Bertie, accompagné de Verity, aussi intéressée et exaspérante que des personnages de la haute sortis tout droit du Titanic.





Sans dévoiler tout le reste du livre, j'ai énormément apprécié cette histoire. Clarrie est une jeune fille forte qui évolue en femme de caractère, bien qu'elle se radoucisse avec le temps, et Olivia c'est un peu l'inverse, elle qui est toute fragile et timide au début se transforme en femme un peu ingrate et rebelle. Clarrie m'a un peu fait penser à Scarlett O'hara d'Autant en emporte le vent, car elle est impertinente, se veut indépendante et a un fort caractère. On va la voir évoluer au fil du temps, essayant de trouver une place dans la société anglaise alors qu'elle ne rêve que de retrouver son Inde natale et les plantations de thé de son enfance.





J'aime aussi énormément deux autres personnages : le jeune Will, fils de Mr Stock, que l'on découvre à 11 ans et que l'on voit évoluer jusqu'à sa vie de jeune adulte, et Wesley Robson, l'homme détesté par la famille Belhaven qui a osé donner un baiser à Clarrie alors qu'ils étaient encore en Inde. Il appartient également à une famille de planteurs qui est guerre avec les Belhaven depuis des années. Ambitieux et arrogant, il n'a de cesse d'exaspérer Clarrie et contribue à la rébellion de la jeune femme. Evidemment, tout au long de sa vie, leurs existences ne vont cesser de se croiser, de s'entremêler, de se repousser pour mieux s'attirer encore plus.





Dans ce livre, on nous parle également de l'engagement politique des femmes, qui commençaient à se révolter afin qu'on leur accorde le droit de vote, et des réunions organisées dans un certain salon de thé afin de s'opposer au gouvernement en place. On assiste aux prémices du féminisme, des femmes fortes qui n'ont pas peur de se salir les mains, soit par choix ou obligation avec la première guerre mondiale qui touche malheureusement tout le monde, riches comme pauvres. On suit également rapidement les personnages masculins appelés à faire la guerre, avec une boule au ventre quant à l'incertitude concernant leur retour d'une guerre meurtrière et cruelle.





J'ai apprécié le fait que Clarrie réussisse peu à peu à faire changer son mari d'opinion sur les femmes, et leur place dans la société, qu'elle se batte pour avoir son propre commerce en se refusant une existence toute travée pour elle sous prétexte que son sang indien la rende « inférieure » à ces « riches ». On nous prouve aussi que la condition financière de quelqu'un ne fait pas forcément son bonheur, quand c'est au détriment de ses relations familiales et du cocon qui lui était jusqu'à présent indispensable pour survivre et avancer dans la vie.





Plus je m'approchais de la fin, plus je regrettais que mon livre se termine. Si j'avais un seul point négatif à lui trouver, peut être deux : on ne passe pas tant de temps que ça en Inde (uniquement au début du livre) et on y reviendra pas. Cela colle parfaitement à l'intrigue mais avec une fin un peu plus poussée et détaillée on aurait pu y revenir...et la fin de l'histoire justement, se termine trop brutalement à mon goût. J'aurai aimé voir ce que Clarrie devient avec son nouveau choix de vie et savoir comment les choses se sont terminées pour elle (bien qu'elle continue sa vie sans ma tête...)





Bref, j'ai adoré ce livre, et je m'autorise enfin à dire que j'ai eu un coup de cœur tant cette histoire m'a transportée, et j'ai vraiment aimé tous les points du livre, même la partie ou on parle un peu plus de politique, alors que d'habitude c'est quelque chose qui me rebute...





Si un petit séjour en Inde et en Angleterre à la fin de l'époque victorienne vous tente, n'hésitez pas à lire cette merveilleuse histoire accompagnée d'une bonne tasse de thé Darjeeling ou Oolong.


Je lui attribue ***** avec plaisir.

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