Classique #1: Bonjour tristesse F.Sagan (éditions Pocket)
4ème de couverture :
« La villa est magnifique, l’été brûlant, la méditerranée toute proche. Cécile
a 17 ans. Elle ne connaît de l’amour que des baisers, des rendez-vous, des
lassitudes. Pas pour longtemps. Son père, veuf, est un adepte joyeux des liaisons
passagères sans importance. Ils s’amusent, ils n’ont besoin de personne, ils
sont heureux. La visite d’une femme de cœur, intelligente et calme, vient troubler
ce délicieux désordre. Comment écarter la menace ? Dans la pinède
embrasée, un jeu cruel se prépare. C’était l’été 1954. On entendait pour la
première fois la voix sèche et rapide d’un « charmant petit monstre »
qui allait faire scandale. La deuxième moitié du 20ème siècle
commençait. Elle serait à l’image de cette adolescente déchirée entre le
remords et le culte du plaisir ».
Tout d’abord, je ne connaissais
Françoise Sagan que de nom. Je savais que c’était une femme de lettres, qui
avait écrit quelques romans et c’est tout. Autant dire que je ne savais pas grand-chose
d’elle. Une petite biographie au début du livre est venue m’apprendre un peu plus
de choses, comme le fait qu’elle était fan de sport automobile, qu’elle a écrit
une biographie de Sarah Bernhardt ou encore qu’elle est morte en 2004. J’étais
curieuse de découvrir son premier roman, car il fait partie des classiques
français, et je voulais commencer ma série d’articles sur les classiques par un
roman écrit par une femme.
On découvre donc Cécile, 17 ans,
qui n’a jamais vraiment eu de relation sérieuse avec un garçon et qui doit
composer avec le style de vie de son père qui aime enchaîner les conquêtes. Elle
a perdu sa mère, et son père n’arrive pas ou ne veux pas retrouver quelqu’un pour le moment. Ils partent en vacances avec la maîtresse du moment :
Elsa. Très vite, Cécile rencontre un garçon, Cyril, qu’elle voit plutôt comme
un ami au début du livre. Il essaie de lui faire la cour, mais elle a du mal à s'abandonner totalement. Rappelons toutefois que l’histoire se déroule à
l’été 1954, les habitudes et les mœurs des jeunes de l’époque n’avaient donc
rien à voir avec maintenant, qu’on soit bien d’accord. Assez rapidement
également, une autre femme va entrer en scène dans la vie de Cécile et de son
père : Anna. C'est une vieille amie de la mère de Cécile, qui n'est pas vraiment habituée à leur façon de vivre.L’histoire va donc se passer autour de ces cinq personnages
principalement, mais nous sommes du point de vue de Cécile.
Sans dévoiler tout le contenu du
livre, je résumerai ça en disant qu’il s’agit surtout d’une histoire d’acceptation
de potentielle belle mère qui n’est pas du même rang social, et qui les fait se
sentir un peu inférieurs à elle, bien que Cécile et son père soient heureux
avec leur style de vie. Ils ont d’ailleurs une certaine complicité assez
sympathique, même si elle peut paraître un peu étrange. Il s’agit aussi de la
découverte de l’amour et de ses premiers émois, de la jalousie naissante qui
devient envahissante, et du fait que Cécile et quand même, je trouve, très
chiante. Une (vieille) ado tout ce qu’il y a de plus normal : elle essaye
de contrôler son père et va échafauder un plan avec Cyril et Elsa pour faire
craquer et donc partir Anne, qui elle est bien décidée à mettre le grappin sur
le père de Cécile. Anne, qui n’a pas l’air d’être un personnage si horrible que
ce que Cécile veut bien nous le dire, a cependant décidé de remanier un peu la
vie de Cécile et de son père, afin qu’ils correspondent plus à son statut
social. En gros, Cécile nous fait une petite crise d’adolescence qui va avoir
de graves conséquences.
Au niveau du style de l’écriture,
je ne suis personne pour juger de quoi que ce soit, simplement je donne mon
avis sur ce que j’ai pu ressentir par rapport à ça. Le style donc, c’est du
classique : au début j’ai eu un peu de mal avec le langage assez soutenu et poétique,
car il m'a fait relire certaines phrases deux fois pour bien saisir leur sens, mais une fois
dépassé l’appréhension des mots inconnus et des phrases un peu longues, je suis
rentrée dans l’histoire.
Le personnage que j’ai préféré c’est
Elsa, car même si elle paraît vraiment cruche au début, elle va un peu gagner en
profondeur et en sagesse, et elle n'est pas méchante pour un sou, ce qui me la rend bien sympathique.
Le personnage que j’ai le moins
aimé c’est Cécile. Entre l’envie de lui mettre des claques car elle « fait
des petites crises » pour pas grand-chose, et sa façon de vouloir se
donner l’air intelligent, j'ai eu du mal à être compatissante avec elle avant la fin du roman. Tout au long de l'histoire, elle est partagée entre la haine et l'admiration qu'elle éprouve envers Anne. D'un côté elle ne veut pas d'elle car a peur qu'elle l'éloigne de son père, et d'un autre elle est fascinée et admirative de la femme qu'elle est. Elle voudrai lui ressembler mais passe son temps à la critiquer: on jongle donc entre deux sentiments opposés au fil de l'histoire, et c'est ce qui m'a un peu perdue finalement...C'est surtout pour ça que je l'ai trouvée agaçante.
Le personnage du père m’a paru un
peu…plat. Alors certes, il s’agit d’un homme qui a perdu sa femme, qui est
triste et qui se protège un peu pour ne pas souffrir, mais j’aurai aimé un homme
avec une force de caractère un peu plus grande. Il pense également que sa fille n'a pas vraiment besoin d'instruction, car "elle trouvera bien un homme qui l'entretiendra". Pas étonnant qu’Anne ait voulu
lui faire changer sa façon de penser. Cependant, je pense que l'auteure a voulu nous montrer à quel point on pouvait se focaliser uniquement sur les deux femmes, et ne rien voir d'autre. Tantôt du côté de Cécile, tantôt du côté d'Anne, on oublie vite que le père devrait prendre sa place et user de son autorité pour se faire obéir de sa fille. Il ne va se "réveiller" et enfin réagir qu'à la fin du roman, quand il sera trop tard.
Anne justement, je ne l’ai pas
trouvée si terrible que ça, il y a juste quelques moments ou je me suis dit :
(pardon pour le langage cru) quelle connasse! ; mais au fond, tous ceux qui
ont déjà eu à faire à une belle mère l’ont au moins pensé une fois, ne me jetez
pas la pierre, Pierre. Sauf si vous en avez eu une en or, parfaite et dans ce cas
tant mieux pour vous. Elle m’a semblé être assez profonde, peu être tourmentée, car ce qui compte beaucoup pour elle c'est l'image qu'elle renvoie au Monde, mais pas forcément l'image physique, plutôt l'image intellectuelle. Au
fond elle ne veut que le bien de Cécile et de son père, même si elle est extrêmement maladroite et un peu trop catégorique sur beaucoup de choses. Au début du roman on se dit que c'est une femme prête à tout qui jette son dévolu sur le mari de sa meilleure amie décédée, mais en fait elle n'est qu'une femme prête à tout pour retrouver le bonheur.
Pour terminer, Cyril. Ah, Cyril,
que dire de lui ? Dans le rôle de l'amoureux transi il est parfait. Assez à l'écoute de Cécile, aux petits soins, un peu ambitieux; cependant je l’ai trouvé banal, un peu maladroit et surtout :
qu’est-ce qu’il trouve à Cécile ? Vu comment cette dernière est
démonstrative (ironique) envers lui, il aurait mieux fait de partir avec Elsa. Il se fait mener par le bout du nez par une jeune fille de 17 ans alors qu'il est un peu plus âgé qu'elle, et devrait plus insister sur le fait qu'il n'est pas d'accord pour entrer dans le plan de Cécile, voir refuser tout court d'y participer... Pareil,
encore une fois un homme qui n’a pas de c*****. C’est ce qui m’a fait ressentir
le côté assez féministe de ce roman.
J’ai aimé le fait que tout au long
du livre, la sagesse et l’intelligence des femmes en général soit mise en
avant. Des femmes qui défendent leurs convictions (que ce soit Cécile, Anne ou
Elsa), même si elles n’ont pas forcément toujours raison. Anne veut tout faire pour que Cécile s'instruise et s'intéresse à autre chose que sa petite personne, qu'elle ait toutes les clefs nécessaires pour s'assurer un bon avenir sans dépendre de personne. Cécile défend surtout son droit à s'opposer à Anne, ou à toute forme d'autorité, en la contredisant sur toutes les décisions qu'elle semble vouloir prendre pour elle. Elsa défend le fait qu'elle souhaite changer de vie, ne plus être une "fille légère" mais une "vraie femme" et une compagne tout ce qu'il y a de plus normal. Je pourrai aussi résumer la fin par "c'est quand on perd quelqu'un qu'on se rend compte de sa valeur", qui est un peu bateau mais tellement vrai.
Sinon, pour conclure, j’ai trouvé
ce roman « sans plus » à lire, je ne pense pas qu’il va me rester en
mémoire. Peut-être que je ne l'apprécie pas à sa juste valeur, mais c’était un peu long sur la fin, malgré le fait que le roman soit assez
court. Par contre, le dénouement de l'histoire était un peu rapide, presque brutal (certainement voulu par l'auteure pour augmenter le sentiment d'injustice par rapport à ce qui se produit), même si on pouvait un peu s'y attendre. J'ai trouvé ça un peu rapide car ils ont vite réagit à leur situation avant que le drame ne se produise, de peur de se retrouver seuls tout le reste de leur vie...Ensuite, on peut clairement dire qu'ils n'avaient que leurs yeux pour pleurer. Je n'ai donc pas spécialement apprécié ce roman, mais au moins, je l’ai lu.